Une autre société. (suite 22 )

Publié le par jacques Brethé

Une autre société. (suite 22 )

 

Définition de la société.

 

                        La société se tient au centre et au commencement de l'humanité. Elle existait avant l'homme. L'homme est né lentement en son sein. Il est sorti au terme de l'évolution comme un aboutissement et une éclosion au sommet de la montée des espèces et peut-être en plusieurs endroits ou après une telle dispersion de la branche primitive qu'il a pu croire qu'il était issu à partir de fonds différents et qu'il y avait des espèces différentes d'hommes qu'on pouvait chasser, qu'il n'y avait pas de liens entre eux, pas de fraternité et l'idée que les premiers hommes étaient issus du même tronc, sortis des mains du créateur, ce premier mythe ou cette première interprétation avancée par un esprit perspicace a dû constituer une révolution en mettant tous les hommes sur le même pied d'égalité, en supprimant le droit de massacrer les autres, de les maltraiter, de les mettre en esclavage.

 

Même si les hommes sont apparus au sommet de lignées différentes, il faut proclamer qu'ils sont de la même pâte, fils de la même intelligence qui a conduit l'évolution. C'est la communauté d'esprit qui caractérise l'humanité qui a pris conscience d'elle par la parole, cette capacité à s'opposer à soi-même un autre soi-même, à se retourner sur soi, à se dédoubler, à créer un immense vide à l'intérieur de son être, un moment d'intense étonnement, probablement un moment de stupéfaction et de stupeur. C'est le propre de l'esprit, cette manière d'être toujours au-delà, ailleurs, à l'intérieur et à l'extérieur, un mouvement perpétuel, un va et vient qui me fait dire que je suis et que je ne suis pas.

 

Que la société se tienne au commencement et au centre, c'est la première remarque à bien considérer, ce n'est pas à l'individu de se gausser, de s'enfler, de se mettre aux commandes et de diriger. La société se compose de l'ensemble de tous les hommes, de toutes les philosophies, de toutes les pensées, de toutes les croyances. Une société correspond à la volonté d’hommes et de femmes de vivre ensemble après réflexion, après avoir rédigé une constitution fondée sur des valeurs, sur des principes, sur des préceptes reconnus par tous les membres adhérents. Une des valeurs fondamentales des sociétés modernes consiste à reconnaître la dignité et le respect dus à toute personne de sa conception, à sa mort et au-delà. Il s’agit d’un principe intangible qui exigera aussi qu’on place en avant dans la vie pratique et économique les valeurs d’honnêteté. Dès qu’il y mensonge, opacité, tromperie, exploitation, avidité dévoyée, la société se dissout comme démantelée. On ne peut bâtir que sur sincérité, vérité, justice, transparence.

 

Définition posée, il faut soutenir que personne n'a pied sur l'autre, personne ne doit imposer de lui-même son point de vue, sa conception, sa théorie, la société, c'est le lieu des compromis, de la discussion, de l'échange et aussi de la souplesse en s'appuyant sur un ensemble de valeurs qui la fondent et l'orientent. C'est l'essentiel. En changeant de valeurs, on change de société. Chaque société ressemble aux valeurs qu'elle prône, aux penseurs qu'elle préfère, aux mythes et aux croyances qu'elle reconnaît. Tout part de la pensée, tout s'assoit sur un fonds commun et chaque société aura le visage de ses idées de base. Je mets au centre la croyance à la nécessité de la guerre, à l'élimination de tous les opposants, à la dictature du prolétariat pour créer un Etat égalitaire paradisiaque et j'aboutis à la création de l'infernal, aux massacres, aux déportations de populations, à l'étouffement et heureusement à l'effondrement d'une doctrine si impérialiste, si fermée qui a perdu le sens de l'humain en perdant le sens du doute et du respect dû à toute personne. La certitude tue, c'est pourquoi dans toute société qui se respecte, le doute, le savoir douter est aussi une valeur reconnue mais on ne transige jamais sur les valeurs reconnues universellement par la société à travers son histoire et avec le témoignage de ses héros. Ainsi du respect de la dignité de toute personne. On s'interdit d'exclure, de persécuter, de blesser. On reconnaît à chacun sa place, on lui donne son espace vital, on reconnaît son droit à penser, à croire ou à ne pas croire, à s'engager, à militer, à s'unir à d'autres. On prend l'habitude d'écouter, de comprendre, on ne condamne pas au silence, on ne crée pas de ghettos. Le dialogue demeure par excellence le lieu des échanges. Personne ne possède la vérité mais une parcelle de la vérité, aucune pierre n'est la cathédrale mais toutes réunies forment la cathédrale. Personne ne possède la vérité mais toutes nos vérités ordonnées, hiérarchisées constitueront un beau monument. La cathédrale ne s'est pas élevée en un jour, de même la vérité progresse lentement en s'interdisant l'irréparable, on ne tue pas, on ne condamne jamais sans croire en même temps à un retour, à une conversion, il y a à la racine de la société un optimisme comme si tous nos esprits plongeaient dans une infinie pensée capable d'irriguer à la fin toutes nos pensées, de les fertiliser, de les revivifier, le terreau de ma plante est épuisé mais en le mettant à l'air dans la nature, il retrouvera consistance et force.  Au contact d'une société vivante, entreprenante, aimante, toute personne sollicitée, attirée, convaincue reprendra racine, elle se greffera sur un courant qui l'emportera vers le meilleur. La société croit à la force du bien, à sa contagion. C'est un peu tout cela notre  société.

 

La société composée de toutes les personnes, de tous les courants de penser et de croire n'appartient à aucune personne, à aucun courant, à aucun parti. Elle n'est pas au service d'une philosophie, d'une croyance, d'une doctrine. Elle demeure au service des personnes pour qu'elles trouvent leur épanouissement sans nuire aux autres. La société tient compte des expériences tirées de l'histoire, elle admet tout changement favorable, elle sait que l'homme émerge sur un limon mêlé, sur une boue qu'il faut purifier sans cesse, le bronze sort de son moule encore granuleux et grossier, il faudra le polir, l'affiner, l'humaniser et que c'est long et difficile ! Le gouvernement de notre société s'appuie sur le socle des valeurs universellement reconnues en organisant la vie de tous. C'est là l'essentiel

 

 

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